• SML, ça ressemble à SeLMer ?

    Saxophones SML (Strasser Marigaux Lemaire)

    Le 12 janvier 1935 voit la naissance de la société Strasser Marigaux & Lemaire,  plus communément appelée SML. Les trois amis ont la particularité d’avoir des compétences très complémentaires. Jules Marigaux est « l’homme de  l’art ». Formé chez Buffet Crampon où il travaillait avec son père, il excelle dans la fabrication d’instruments. Charles Strasser était quant à lui doué pour les langues et le commerce. Enfin, Monsieur Lemaire s’occupait de la gestion.

    SML débuta son activité à Paris avec la fabrication de saxophones et de flûtes en 1937. La même année, la société attira les projecteurs lors de l’Exposition Universelle de Paris. En 1938, SML signa son 1er modèle de saxophone sous la référence « Révision A ». 4500 exemplaires furent ainsi produits. S’ils connaissent le succès avec leurs saxophones, SML fut rapidement reconnue pour la grande qualité de ses hautbois, conçus par Marigaux. Désireuse de se positionner sur plusieurs catégories d’instruments, SML procéda au rachat de plusieurs marques dont Louis Lot (inventeur de la flûte moderne) en 1951.

    SML, ça ressemble à SeLMer ?
    Photo: La boîte noire

    Après la seconde guerre mondiale, l’arrivée du jazz en Europe et les nombreux échanges avec les artistes américains de passage à Paris accélérèrent la production de saxophones SML et la réputation de la marque aux Etats-Unis. De grands noms comme Coleman Hawkins ou Carmen Leggio furent les ambassadeurs de la marque au « gros pavillon ». L’apogée du saxophone SML arriva avec les modèles « Révision D » et « Gold Medal », fameux pour leurs cheminées roulées, le confort de la mécanique (pour l’époque) et surtout leur couleur sonore.

    SML fabriqua près de 30 000 saxophones. Le dernier d’entre eux,  le « King Marigaux » fut fabriqué en 1982. Il devenait de plus en plus difficile pour SML de rivaliser avec la concurrence internationale et locale (Selmer et Buffet Crampon).  La marque se focalisa alors sur la fabrication de hautbois et de clarinettes. Elle développa également dans les années soixante-dix l’activité de distribution d’instruments à vent. C’est ainsi qu’en 1978, Yanagisawa rejoignit le catalogue. 
    Après le décès de Marigaux et Lemaire, Strasser vendit la société SML en 1975 à un groupe américain. Après avoir rejoint le groupe JA-Musik, les activités de fabrication et de distribution furent dissociées en 2007. Marigaux se concentra sur la fabrication de hautbois et SML sur la distribution des autres familles d’instruments de musique. C’est en 2010, avec l’intégration de SML au groupe ALGAM, que la marque reprit son activité de fabricant.

     

     Les saxophones SML vintage.

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    Photo: La boîte noire

    Ce qui suit est une présentation succincte des modèles SML. Les noms entre guillemets sont utilisés dans un but de classification. Ce ne sont peut-être pas des désignations officielles de la marque SML. Cependant, il se pourrait que SML ait donné des noms de modèles à chaque série d’altos (et de quelques ténors). Il se pourrait aussi que SML ait eu différentes équipes d'artisans travaillant sur différents saxophones et que chaque équipe décidait de nommer leurs saxophones. On le faisait déjà chez Martin, où les modèles faits main étaient différents selon l’artisan, ce dernier gravant généralement son nom sur le saxophone. Affaire à suivre…

     

     

    • Modèles « Rev. A » (s/n 0 à 46xx et ses prototypes). Ceux-ci sont les saxophones des débuts de SML et sont relativement typiques de la plupart des saxophones du début des années 30 : ils ont un clétage encombrant, des clefs à gauche du pavillon, etc.
    • Modèles « Rev. B » (s/n : 46xx à 6xxx). Ceux sont les premiers saxophones conçus avec des clefs de pavillon à droite. Certains modèles disposaient d’une cheminée roulée.

    • Modèles « Super standard ». (s/n : 3xxx ? à ????) A mi-chemin entre le rev A et le Coleman Hawkins, il dispose déjà des cheminées roulées.  

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    • Modèles Coleman Hawkins (s/n : 3xxx ? à 6xxx ?).
      • Ces saxophones ont été conçus pour un des meilleurs porte-parole de SML, Coleman Hawkins, et étaient disponibles dans deux versions au moins:  Rev A et Rev. B.
      • Chaque modèle portait en gravure supplémentaire le nom de « Coleman Hawkins » en grandes lettres.
      • Les modèles de Coleman Hawkins ont des cheminées roulées et un pavillon légèrement
        surdimensionné par rapport aux modèles standards.

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    • Modèles Super ou « transitionnels »(s/n 55xx à 73xx).
      • Il y avait au moins trois versions différentes de ce modèle, mais tous portent la gravure « super » sur le pavillon.
      • Ces saxophones sont des évolutions des Rev B et des Rev C. En quelque sorte, le « chaînon manquant » dans l’évolution de la production chez SML.
      • L'amélioration principale de ces modèles est probablement la palette de G#/C#/B/Bb qui est devenue la norme sur tous les SML, et qui le restera jusqu’à la fin.

    SML, ça ressemble à SeLMer ?

    • Modèles « Rev. C »(s/n 73xx à 83xx). Ces saxophones sont la dernière évolution des modèles Super et leurs ressemblent. Certains de ces modèles disposent d’une vis d’ajustement de hauteur des clés. (autour de s/n 78xx).

    • Modèles « Rev. D »(s/n 83xx à 156xx). De nouveau, ce modèle est l’évolution du modèle précédent :
      tous ces saxophones disposent de vis de réglage de garde permettant de varier l'ouverture des clefs. Parmi les autres innovations il y a le serrage annulaire du bocal et la balance sol/sol# avec une petite clé.
    SML, ça ressemble à SeLMer ? SML, ça ressemble à SeLMer ?
    Photos: Saxvintage (Grand merci à Tanguy)
    • Gold medal « Mk I »(s/n 156xx à 202xx).
      • C'est certainement le meilleur saxophone de chez SML. Ce modèle dispose des 22 caractéristiques des saxophones SML (plus de précisions sur ces caractéristiques dans un prochain article).
      • Son nom vient du fait que ces saxophones ont gagné une médaille d’or au festival international de musique La Haye (Hollande) dans les années 50.
      • Ils ne sont pas seulement une évolution du rev D. Même si les deux modèles se ressemblent beaucoup, le bocal et la culasse ne sont pas interchangeables entre rev D et Gold Medal.
    • Gold medal « Mk II »(s/n 202xx à 27xxx) : très semblables au King Marigaux,  il ne dispose pas de l’ensemble des spécifications du Mk I. Souci d’économie de la part de la marque ?...

      SML, ça ressemble à SeLMer ?

    Photo: http://www.vintagesaxophones.com/

     

    • Modèles Standard (s/n 46xx à 202xx). Ceux sont des modèles d’étude, semblables à Yamaha YAS62 ou le YAS875 Custom. Ils ne disposent pas des agréments des modèles pro comme la cheminée roulée. Ils ont également des gravures différentes. Toutefois, ils ressemblent au premier coup d’œil aux modèles pro de SML. Il est probable que les modèles Standard ont été réalisés à partir de modèles plus anciens de SML.

    • Les Stencils. Ce sont des instruments fabriqués par SML pour le nom d’un autre distributeur. SML a produit une grande quantité de stencils pour une si petite compagnie (au moins six ; le plus célèbre étant le King Marigaux). Les stencils de SML ne sont pas des réalisations low cost de versions pro, ils ne sont pas non plus des assemblages de pièces d’anciens modèles. Ils sont aussi soignés que les saxophones pro, mais n’ont pas la cheminée roulée.

        • Le King Lemaire. Ces saxophones ne sont ni des King, ni des SML. Ils ont été fabriqués en Tchécoslovaquie dans les années 70 et au début des années 80 pour la société King. Ce sont des saxophones ressemblant au King 613. Ils ont sans doute été produits par Amati ou Kohlert.
        • Le King Marigaux. Le King Marigaux est le stencil du Gold Medal Mk II, fabriqué pour la société King. Ils n’ont pas de cheminée roulée, ni de vis de réglage de garde et la gravure est moins élaborée. Cependant, il existe des ténors gravés "King Marigaux" de haute couture, avec pavillon et bocal en argent massif ! ( Je l'ai vu de mes yeux vus : un modèle de toute beauté.)

    Il semble que les saxophones SML vintage sont de très bonne facture. Certains modèles professionnels sont particulièrement recherchés (le "Gold Medal", notamment), à l'ombre du succès de Selmer, dont il semblerait pourtant qu'ils n'aient rien eu à leur envier...

    J'ai récemment craqué pour un alto "Super standard" s/n 394x, sans doute fabriqué vers 1941/1942. Rénové chez Sax-Vintage, le son procure un grand plaisir, notamment dans les aigus, très justes.

     

    De très belles photos qui viennent compléter cet exposé : ici

     

    Sources :
    http://www.saxpics.com/sml/index.htm

    http://saxovince.free.fr/forum/viewtopic.php?f=4&t=1872&p=10962

    http://www.laboitenoiredumusicien.com/le-mag/sml-paris-:-un-siecle-d%5C'histoire-n4803/

    http://fr.cyclopaedia.net/wiki/SML-Marigaux

    http://www.saxontheweb.net/SML/OnGoing.html

    http://forum.saxontheweb.net/ 


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