• Adolphe Sax

    « La vie de Charles-Joseph Sax baigne dans le présent, son esprit dans le futur  » (Ernest Ferron) Son fils a bien hérité du père...

     

    J'ai pris la liberté de copier ici un article de Jean-Luc Barbier, musicien suisse. (Quelles sont ses sources ? Internet peut-être, tout comme moi...). Retrouvez en bas de cet article un lien vers la page originale.

     

    Antoine-Joseph Sax mieux connu sous le nom d'Adolphe Sax (6 novembre 1814 à Dinant, Belgique - 7 février 1894 à Paris) est un facteur d'instrument. Il est surtout connu pour avoir inventé le saxophone.

    Son père, Charles Joseph Sax (1er février 1790 – 26 avril 1865), était déjà lui-même un facteur d'instrument qui a apporté différents changements au cor de chasse.

    Adolphe Sax a commencé à fabriquer ses propres instruments très jeune, en présentant deux flûtes et une clarinette à un concours à l'âge de 15 ans. Il étudia ensuite ces deux instruments à l'École Royale de chant de Bruxelles. Il devient un maître de la clarinette.

    Après avoir quitté l'école, Sax commence à expérimenter de nouveaux types d'instruments, pendant que son père continue à produire des instruments conventionnels afin de subsister.

     

    La clarinette basse d'Adolphe Sax, un instrument proche du saxophone

    Les premières inventions importantes d'Adolphe Sax concernent la clarinette. Dès 1835, Sax propose une clarinette à 24 clés, puis dépose un brevet sur une amélioration de la clarinette basse en 1838. Il dépose un autre brevet deux ans plus tard sur l'extension du registre grave et c'est en commençant à réformer la clarinette basse qu'il en est venu à travailler cette nouvelle invention qui sera le saxophone.

    En 1841, Adolphe présente pour la première fois un saxophone. Cette présentation est uniquement sonore, derrière un rideau car le brevet pour le saxophone n’était pas encore déposé.

    Il était un inventeur absolument extraordinaire qui n'a pas inventé que le saxophone. Il était sans arrêt en train de réformer les instruments existants, de chercher à en fabriquer d'autres. Il s'est aussi intéressé à l'acoustique puisqu'il a conçu un projet de salle qui a en fait certainement influencé Wagner pour la construction de Bayreuth.

    En 1842, après la rencontre avec Le Comte de Rumigny (qui a cette époque cherche à redorer le fleuron des musiques militaires françaises), Sax décide de s’installer à Paris pour continuer sa carrière.  il déménage à Paris et commence à travailler sur un nouvel ensemble d'instruments qui y seront présentés en 1844. Il y a des bugles à touches et, bien qu'il n'ait pas inventé l'instrument lui-même, ses exemplaires sont tellement supérieurs à ceux de ses rivaux qu'ils commencent à être connus sous le nom de cors de Sax ou saxhorn. Ils sont aujourd'hui couramment utilisés dans les fanfares et les orchestres d'harmonie.

    Sa chance a été de rencontrer tout de suite de grands musiciens qui l'ont soutenu.

    La famille des saxophones

    La naissance du saxophone se situe entre 1838 et 1844 et le brevet sera officiellement déposé le 21 mars 1846. (Brevet français N° 3226). Adolphe Sax a dessiné et exposé une série complète de saxophones. Ces instruments font sa réputation et lui assurent un poste d'enseignant au conservatoire de Paris en 1857.

     

        • Le saxophone basse (rarement utilisé), en si bémol
        • Le saxophone baryton, en mi bémol
        • Le saxophone ténor en si bémol
        • Le saxophone C-mélody en ut, ténor en do (plus employé)
        • Le saxophone alto, en mi bémol
        • Le saxophone mezzo-soprano, en fa (plus employé)
        • Le saxophone soprano, en si bémol
        • Le saxophone sopranino, en mi bémol

    Les saxophones soprano, alto, ténor et baryton forment le quatuor de saxophones. Pour certaines œuvres il arrive que le soprano soit remplacé par un deuxième saxophone alto.

    Les saxophones sont des instruments dits transpositeurs. En effet lorsque le saxophone alto (ou baryton) joue un do, la note réelle est un mi bémol pour le piano. De même lorsque le saxophone ténor (ou soprano) joue un do, la note réelle est un sib.

    Adolphe Sax a fabriqué deux séries de saxophones. L'une comprenait des saxophones accordés en do ou en fa et était destinée aux orchestres symphoniques. L'autre comprenait des saxophones accordés en si bémol et en mi bémol (ceux qui sont utilisés de nos jours) et était destinés aux fanfares militaires.

    Les musiciens d'orchestre ayant rejeté les saxophones en ut et en fa, ces derniers cessèrent progressivement d'être fabriqués.

    Le saxophone possède trois registres: grave, médium et aigu avec un ambitus de deux octaves et d'une quinte. Dans certains morceaux des doigtés spéciaux sont utilisés pour obtenir des sons suraigus (cf.la 3ème tessiture) ou pour jouer des quarts de tons (cf.doigtés utilisés par Jean-Luc Barbier pour jouer des quarts de tons).

     

    Croquis annexé au brevet du saxophone

    Adolphe Sax spécifie ses intentions dans son brevet: «On sait que, en général, les instruments à vent sont ou trop durs ou trop mous dans leurs sonorités». Il voulut créer «Un instrument qui par le caractère de sa voix pût se rapprocher des instruments à cordes, mais qui possédât plus de force et d'intensité que ces derniers».

    Sax continue par la suite à fabriquer des instruments, en même temps qu'il dirige la nouvelle classe de saxophone au conservatoire de Paris.

     

    4 saxophones signés Adolphe sax

    C'est dans le cadre de la musique française que le saxophone va trouver le premier essor. Le saxophone va devenir connu du grand public grâce à certaines interventions dans l'opéra. Par exemple le solo de saxo dans Hamlet d'Ambroise Thomas (professeur de composition de Jules Massenet) une création datant du 9 mars 1868.

    Jules Massenet s'est beaucoup préoccupé d'intégrer le saxophone à l'orchestre.

    • "Le Roi de Lahore", son premier opéra (3 saxophones à l'acte 3: sax alto, ténor et contre-basse de sax en sib (créé 1877)
    • "Erodiade" (1881) les 3 saxos comme pour le Roi de Lahore avec en plus la famille des saxhorns
    • "Werther" Dialogue entre Charlotte et le saxophone - L'air des larmes: "Va, laisse couler mes larmes" - acte 3

    Adolphe Sax a été sans arrêt en butte à la jalousie des autres facteurs d'instruments. Il a tout le temps été au bord de la ruine et sauvé à chaque fois par l'intervention de personnages hauts placés. On a même tenté de l'assassiner. Il gênait les intérêts des fabricants d'instruments. On a tenté de l'empêcher de percer. Puis lorsque ses inventions ont percé, il a dû faire face à de nombreuses contrefaçons. Durant toute sa vie, il a été en procès.

    Il n'y a pas de saxophone qui intervient dans l'œuvre de Berlioz bien qu'il ait été le premier à s'y intéresser. Jules Massenet et Georges Bizet (mort précocement) s'intéressaient au saxophone. De même qu'Aubert, Alevi, Meyerber

    Jean-George Karsner a soutenu les inventions d'Adolphe Sax. Il a compris comment en tirer parti et a commencé à écrire pour le saxophone avant qu'il soit breveté. Il était passionné par toutes les nouvelles sonorités. En 1844, il a écrit plusieurs pièces dont «le dernier Roi de Juda» où apparait pour la première fois le saxophone. Il a écrit également des œuvres soliste et un sextuor pour saxophone qui semble être la première œuvre pour ensemble de saxophones; une pièce pour sopranino, soprano, alto, ténor, baryton et un saxo-contrebasse qui fait 2m10 de haut.

     

     

     

     L'ophicléide

     Le saxhorn

     Le Saxtromba

     

    La naissance de nouveaux instruments

    Le père d'Adolphe Sax, Charles Sax, a combiné l'ophicléide, un instrument qui était récent, avec le bugle ce qui a donné le saxhorn, une espèce de cor très ovale mais qui est très haut et qui a utilisé en premier par Wagner. Cet instrument a plus de souplesse que le cor et plus de sonorité vers les tubas mais toujours une embouchure de cuivre (timbre doux, articulation précise). Il a ensuite combiné le bugle mais cette fois avec le cor ce qui a donné le saxtromba. Ces deux instruments sont nés avant le saxophone.

     

    Note: Les brevets pour le saxotrombas et le saxhorn (Paris - 1845) ont été déposés au nom d'Adolphe Sax. On trouve pourtant dans le dictionnaire des facteurs d'instruments de Belgique des brevets au nom de Charles Sax qui tendent à prouver que l'invention de ces deux nouveaux instrument est le fruit d'un travail d'équipe entre Charles Sax et son fils. D'autre part en 1845 Charles Sax venait de rejoindre son fils à Paris suite à la faillite de son entreprise en Belgique. Dans ces conditions il était sans doute préférable d'inscrire ces deux nouveaux brevets au nom de son fils s'il ne voulait pas que les huissiers de l'époque les saisissent... 

     

    Voici la liste des brevets déposés à Paris et en Belgique par ses deux inventeurs de génie:

     

     

    Brevets déposés par Charles Sax en Belgique

    Brevets déposés par Adolphe Sax en Belgique

     

     

     

    Brevets déposés par Adolphe Sax à Paris

    Saxhorn - Paris - 1845 - (numéro Brevet non indiqué ?)

    Saxotrombas - Paris - 1845 - Brevet n°2306

    Saxophone - Paris - 1846 - Brevet n°3226

    Basson en métal - Paris - 1851 - Brevet n°11981

    6 pistons - Paris - 1852 - Brevet n°14608

    Pavillon mobile - Paris - 1859 (numéro du Brevet ?)

     

    Les particularités du saxophone

    Le saxophone est un instrument au fond qui tient de beaucoup de choses mais qui reste original en lui-même. C'est à dire que c'est un instrument non plus avec une embouchure d'instrument de cuivre, mais une embouchure avec une anche et qui est une espèce de compromis au départ entre la trompette d'une part, la clarinette et surtout le cor anglais, voire le basson.

    Si on écoute bien un saxophone on se rend compte des sonorités qui sont plus perçantes que les sonorités d'une clarinette mais aussi tranchantes qu'un instrument à anche comme le obois ou comme le basson ou le cor anglais, d'où cette richesse de sonorité. Cette richesse ne tient pas au choix du matériau (métal) mais surtout de l'étude de la colonne d'air; de la forme très précise.

    Quel avenir pour le saxophone ?

    Après Berlioz, beaucoup de musiciens se sont intéressés aux coloris orchestraux, aux nouvelles sonorités (Chabrier, Debussy)

    Le jazz a vu ce qu'il y avait d'expressif dans le saxophone et son côté tranchant que n'a pas le moelleux de la clarinette et reste plus difficilement expressif. D'autre part le saxophone venait enrichir les instruments les instruments de cuivre qui eux restent des instruments essentiellement brillants.

     

    Sources :

     http://swiss-jazz.ch/adolphe-sax.htm#adolphe-sax

    http://classik.forumactif.com/t1481-le-monde-du-saxophone